Archives du mot-clé Pardon

Devrions-nous arrêter de dire : « l’Église m’a blessé » ?

iazajq1g

J’entends l’affirmation assez souvent [NDT : je étant Thabiti Anyabwile, voir l’article en V.O. : « Should we stop saying, « the Church hurt me? » » sur TGC]. Généralement elle surgit dans les discussions sur l’appartenance à l’Eglise. Les gens veulent savoir comment aider un ami blessé ou un membre de leur famille à réintégrer l’Eglise. Ou bien ils sont ceux-là mêmes qui ont été blessés et ils se débattent avec la question de savoir si l’Eglise vaut la peine. Certains veulent être convaincus de rejoindre une assemblée, d’autres veulent s’entendre dire que c’est okay pour qu’ils partent.

La réponse repose, en partie, sur la connaissance des faits auxquels la personne fait référence. (Note du 21 juin 2013 : La réponse nécessite aussi de faire la distinction entre d’une part, abus physique, sexuel et verbal, exercé par une équipe de leaders complices, et d’autre part le type de blessures qu’on expérimente plus fréquemment dès qu’un groupe de pécheurs vit sa foi ensemble. Cet article vise les blessures les plus ordinaires qui ne sont pas en elles-mêmes illégales mais qui peuvent être le résultat du péché, ainsi que le sentiment d’être blessé qui peut être davantage une question de perspective adoptée et de sensibilité qu’un fait réel.)

Mais, dernièrement, j’ai pensé que pour répondre à ces questions, on gagnerait à réfléchir sur la façon dont le problème est exprimé. Qu’est-ce que les gens ont à l’esprit quand ils disent : «l’Eglise m’a fait du mal»? Envisageons les possibilités en allant de l’accusation la plus large à la plus limitée.

L’Eglise universelle

La personne pourrait vouloir dire que «l’Eglise avec un grand E» l’a blessée : tous les chrétiens de partout dans le monde. Ça semble ridicule, n’est-ce pas? Mais, réfléchissons à ça. Quand quelqu’un dit: «l’Eglise m’a fait du mal» et qu’il refuse de rendre visite ou de rejoindre une assemblée locale de croyants quelle qu’elle soit, il a en pratique projeté l’origine de sa blessure sur la totalité du corps universel du Christ! Il a imputé son offense à chaque chrétien possible et à chaque assemblée de chrétiens imaginable. Dans la pratique, sa méfiance  a atteint des proportions universelles. Dans tous les cas, c’est faux. Nous prendrions au mieux soin d’eux si nous aidions nos amis à reconnaître l’universalisme de fait qui découle de certaines de leurs réactions. Avec un peu de chance, on pourra les amener à reporter leur accusation à l’échelon inférieur possible.

L’Eglise locale

Nos amis blessés pourraient aussi vouloir dire que toute une assemblée – une Eglise locale entière – s’est mise d’accord pour leur faire du tort. D’une certaine façon, c’est comme s’ils avaient l’impression que le corps a développé des anticorps à leur égard et peut-être qu’ils se sont sentis indésirables. Peut-être qu’ils ont fait l’objet d’une discipline ecclésiale, ou peut-être qu’ils ont été le sujet de commérages, ou bien encore peut-être qu’on les a fuis d’une certaine manière. Nous devons reconnaître qu’il existe des situations où une assemblée a pris des mesures (comme dans le cas de la discipline) et de telles mesures peuvent être perçues comme une blessure infligée par le corps entier. Et, ces mesures peuvent utiliser des méthodes imparfaites, à l’origine d’une part de la blessure. En outre, il arrive, généralement dans une petite assemblée, qu’une personne se soit sentie jugée, bannie et/ou l’objet de ragots à ce sujet.

Mais, d’après mon expérience, ce n’est pas ce qu’ont en tête la plupart des gens qui rejettent l’Eglise locale pour leur avoir fait du mal. Franchement, si peu d’Eglises pratiquent la discipline ecclésiale. Et, à moins d’être amish ou un truc du genre, le bannissement n’est pas monnaie courante non plus. C’est vrai, les commérages peuvent se frayer un chemin dans une part non négligeable de l’assemblée mais je ne pense pas que la majorité des Eglises soit totalement infectée par les commérages. Tôt ou tard, les rumeurs et choses de cet acabit meurent aux portes des personnes bonnes que Dieu place dans la plupart des assemblées locales. Généralement, ça vaut la peine de poser la question: «Es-tu en train de dire que chaque personne de l’Eglise locale t’a fait du mal comme ça?». Avec un peu de chance, ça nous fait descendre à un échelon inférieur.

Ceux qui sont à la tête de l’Eglise

Quelquefois, ceux qui disent avoir été «blessés par l’Eglise» ont plutôt réellement en vue les leaders de l’assemblée. D’une certaine manière le pasteur, les anciens, les diacres, ou le groupe des meneurs ont déçu la personne. Ça peut être une position que les anciens ont soutenue sur une question sujette à controverse ou l’apparent manque de prise en compte, par les responsables, des réactions de la personne. Peut-être que c’est quelque chose qu’un pasteur a dit dans un sermon ou la réponse négative du conseil pastoral à une demande de service. Il faut savoir que les leaders déçoivent leurs ouailles de plein de façons. Dans ce scénario, le principal est d’aider la personne à voir que la difficulté est liée aux leaders, pas à toute l’Eglise locale. C’est facile de rejeter les fautes des responsables sur le corps entier, et par la force des choses parfois les convictions ou les enseignements des leaders deviennent ceux de leurs assemblées. Mais, cela rend rarement service à la personne offensée de généraliser la «faute» des leaders à toute  l’assemblée. En réalité, dans la plupart des cas, la personne qui laisse tomber l’Eglise se prive immanquablement de beaucoup d’amour. Sa tendance à dire «l’Eglise m’a blessé» la rend insensible à percevoir combien l’Eglise l’aime.

Un individu ou un petit groupe

En fin de compte, et le plus souvent sans doute, quand les gens disent «l’Eglise m’a fait du mal», ils ont en réalité à l’esprit un individu en particulier ou un petit groupe d’individus qui les ont offensés d’une façon ou d’une autre. Ils ont été blessés par Pierre ou Paul et au lieu de s’adresser à Pierre ou à Paul, ils ont joué la carte de la facilité avec le moins personnel «l’Eglise». A vrai dire, nommer la personne et leur offense leur pose l’exigence de  laisser leur offrande devant l’autel, de montrer à leur frère l’offense commise, et de remplir la dure tâche de pardonner et de faire la paix (Mt 5. 23-24 ; 18.15). Quand c’est ainsi que ça se passe, nous sommes le plus fidèles à Jésus, en tant qu’Eglise, et en tant qu’individus impliqués dans l’assemblée, demandant ou encourageant les personnes blessées à se tourner vers leur frère, animés de l’humble esprit de réconciliation.

Rien ne nous rend plus centrés sur nous-mêmes que la souffrance. Blessé, on adopte des stratégies d’autoprotection. Parfois on s’en prend à quelqu’un, parfois on fuit. Parfois, c’est les deux. Dire «l’Eglise m’a blessé» est souvent les deux à la fois – envoyer des coups et s’enfuir. Mais le chemin du Christ, c’est la réconciliation et la paix.

Mon simple appel aux personnes «blessées par l’Eglise»

La plupart des personnes «blessées par l’Eglise» l’ont été par des individus dans une assemblée locale. Une fois cela posé, nous sommes plus à même de les aider à examiner si l’offense a été porté consciemment et intentionnellement ou inconsciemment et accidentellement. Je suis surpris de voir combien souvent les individus ou les Eglises qui «blessent» quelqu’un n’ont aucune idée que du tort a été fait. Ils étaient en train de danser, se réjouissant dans le Seigneur, quand, sans que personne ne le sache, les nuages noirs de la colère et du ressentiment ont emporté leurs noms et réputations. Et, j’ai toujours de la peine pour les personnes confrontées à cette blessure. Ce n’est jamais sympathique d’être sous l’emprise de la souffrance. Aussi, c’est juste ici le simple appel d’un pasteur :

1. Remets ta peine au Seigneur qui a porté ta peine et le péché de celui qui t’as offensé. En Lui sont toutes les consolations.

2. Tourne ton cœur vers ceux qui t’ont vraiment offensé et recherche la réconciliation. Si nécessaire, demande l’aide d’une personne pieuse et impartiale.

3. Ne dis plus «l’Eglise m’a blessé». Ça affecte négativement ton cœur car ça le tourne contre une assemblée entière dont beaucoup ignorent probablement l’offense qui t’as été portée et n’en sont pas responsables. Cela nourrit peut-être aussi dans ton cœur un ressentiment contre les chrétiens de partout. Ne condamne pas «l’Eglise». N’étends pas sur quiconque, partout, de manière abusive, la responsabilité de ta «souffrance». Si tu le fais, cela va te dominer. Mais, si tu t’attaques à ta peine et vises des efforts de réconciliation – de façon aussi précise et spécifique que tu le peux- tu vas plus facilement maîtriser ta peine et en être dégagé.

4. Rends-toi compte que chaque Eglise ne t’a pas blessée et que les gens ne sont pas tous les mêmes. Cherche une Eglise locale que tu peux rejoindre. Commence doucement si ça t’aide. Mais, laisse la grâce abondante du Seigneur t’atteindre par la communion avec Son peuple. C’est comme cela qu’il s’y prend habituellement pour nous réconforter de nos ennuis et souffrances (2 Cor 1).

5. Vis dans l’espérance. Ton Seigneur est aussi le Seigneur de l’Eglise. Il s’occupe de ta fragilité mais aussi de la fragilité de l’Eglise. Et tu sais quoi? De même que ta peine est le moyen qu’Il veut utiliser pour apprendre à l’Eglise à grandir en amour, l’amour donné par l’Eglise sera la source de ta cicatrisation. L’Eglise a besoin de ta blessure et tu as besoin de l’amour de l’Eglise.

Pour aller plus loin :

CITATION : Le pardon selon Martin Luther King Jr.

Pardonner ne signifie pas ignorer ce qui a été fait ou coller une étiquette fausse sur un acte mauvais. Cela signifie plutôt que cet acte mauvais cesse d’être un obstacle aux relations. Le pardon est un catalyseur qui crée l’ambiance nécessaire à un nouveau départ et à un recommencement. C’est l’enlèvement d’un poids ou la remise d’une dette.

Les mots « je vous pardonne mais je n’oublierai jamais ce qui vous avez fait » n’expriment jamais la nature réelle du pardon. Il est certain qu’on oublie jamais si cela veut dire effacer totalement de son esprit. Mais si nous pardonnons nous oublions en ce sens que le mal cesse d’être un obstacle mental empêchant des relations nouvelles.

Jamais non plus nous ne pouvons dire : « je vous pardonne mais je ne veux plus rien avoir à faire avec vous. » Pardonner signifie se réconcilier, se retrouver. Sans cela personne ne peut aimer ses ennemis. Le degré de notre aptitude au pardon détermine le degré de notre aptitude à l’amour pour nos ennemis.

Martin Luther King, La force d’aimer, Casterman, Paris, 1965, p. 64-65

MA : Louis Schweitzer pour la citation tirée de Les Béatitudes ou l’hymne à la joie 

La confession, ou comment ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain

« L’Eglise romaine a défiguré le christianisme en ajoutant à la Bible des doctrines et des commandements d’hommes ; la Réforme a défiguré le christianisme en éliminant tous les usages bibliques qui avaient donné lieu à des abus. »*

La phrase est un peu excessive, mais elle n’est pas dénuée de lucidité…

J’ai un peu baigné dans l’univers catholique et à plusieurs reprises nous a été proposé de rencontrer un prêtre pour nous confesser… Je ne l’ai jamais fait. Ce qui me retenait ? Lui et moi n’aurions pas accordé  à cela le même sens.

Pourtant, parfois, j’ai trouvé qu’il y avait là quelque chose d’intéressant. En effet, s’il est facile de s’associer aux paroles du sage : « Qui dira: « J’ai rendu mon cœur sans reproche, je suis pur de tout péché ! » » (Pr 20.9), c’est autre chose quand il s’agit de pratiquer ce dont parle Jacques : «Reconnaissez donc vos péchés les uns devant les autres. » (Jc 5.16)

J’aime beaucoup la façon dont Bonhoeffer résout la question et hélas, je me reconnais bien dans ce qu’il pointe du doigt.**

« Le frère comme grâce

Ils veulent bien être une communauté de croyants, de gens pieux, mais non une communauté d’impies, de pécheurs. La communauté pieuse, en effet, n’autorise personne à être un pécheur. […] C’est pourquoi nous restons seuls avec notre péché, dans le mensonge et dans l’hypocrisie ; car, en fait, nous sommes bel et bien des pécheurs. […] Le Christ nous a donné l’assemblée et, dans celle-ci, le frère comme une grâce. Le frère tient désormais la place du Christ (Jn 20.23). Il nous est donné pour nous aider. […]

L’accès à la communauté

Nous ne parlons ici que de la confession entre deux chrétiens. Pour retrouver la communion avec l’ensemble de l’assemblée, il n’est pas besoin de confesser ses péchés devant tous les membres de celle-ci. C’est l’assemblée tout entière que je rencontre dans la personne du frère auquel je me confesse. […]

L’accès à la croix

La racine de tous les péchés est l’orgueil. Je veux être pour moi, j’ai un droit de disposer de moi-même […]. La confession devant le frère est une très profonde humiliation, elle fait mal, elle abaisse, elle jette l’orgueil à terre sans pitié. […] Nous comptons toujours pouvoir l’éviter. Jésus-Christ n’a pas eu honte d’être mis en croix pour nous comme un malfaiteur. […] La croix de Jésus-Christ anéantit tout orgueil. Nous ne pouvons pas trouver la croix de Jésus si nous avons peur de nous rendre là où il se laisse trouver, c’est-à-dire aller jusqu’à la mort publique du pécheur. […]

La certitude du pardon de Dieu

D’où vient donc qu’il nous est souvent plus facile de confesser nos péchés à Dieu qu’à nos frères ? Dieu est saint et sans péché, il est un juste juge du mal. Tandis que le frère est pécheur comme nous, il connaît par expérience la nuit des péchés secrets. Ne devrions-nous pas trouver plus facile le chemin vers le frère que celui vers le Dieu saint ? Dans le cas contraire, nous devons nous demander si, en confessant nos péchés à Dieu, nous ne nous sommes pas souvent fait illusion à nous-mêmes, si, en un mot, ce n’est pas à nous-mêmes que nous avons confessé nos péchés, et si ce n’est pas nous-mêmes qui nous les sommes pardonnés. Nos innombrables rechutes ne seraient-elles pas dues au fait que nous vivons d’un pardon que nous nous sommes accordés à nous-mêmes ? […] Le frère brise le cercle de nos illusions sur nous-mêmes.

Une confession concrète

Mais pour que cette certitude soit réelle dans la confession il s’agit de confesser des péchés concrets. Avec des confessions générales des péchés on s’applique à se justifier soi-même. […]

Cela signifie-t-il que la confession fraternelle soit une loi divine ? La confession n’est pas une loi mais une aide offerte par Dieu pour l’être pécheur. […] Luther a dit dans la Grand Catéchisme : « Aussi, en exhortant à la confession, je ne fais qu’exhorter à être chrétien ».

A qui se confesser ?

Le frère nous comprendra-t-il ? Peut-être est-il tellement au-dessus de nous? Qui a reconnu dans la croix de Jésus la plus profonde impiété de tous les êtres humains et de son propre cœur, n’est plus surpris par aucun péché. […] Ce qui nous rend si misérables et incapables devant la confession fraternelle, c’est simplement le fait que nous manquons d’amour pour Jésus-Christ crucifié. Par le contact journalier et sérieux avec la croix du Christ, le chrétien se départit de l’esprit de jugement humain et de l’esprit d’indulgence. […] Peut donc entendre notre confession celui qui vit lui-même sous la croix.

Le pardon des péchés

Trop facilement un seul confesseur sera surchargé et il s’ensuit l’abus malsain de la confession pour exercer une tyrannie spirituelle des âmes. Que chacun se garde d’écouter une confession, s’il ne se confesse pas lui-même. […] La confession comme œuvre pie est une pensée du diable. C’est seulement en nous confiant à l’offre de la grâce de Dieu, à son secours et à son pardon, c’est seulement à cause de la promesse de l’absolution que nous pouvons nous confesser. Seul le pardon des péchés est le fondement et le but de la confession. »

* Caroline Malvesin dans Caroline Malvesin et Antoine Vermeil, Correspondance 1841, Ed. Olivétan, 2007, p. 41

** L’ensemble des citations est issu du chapitre 5, « Confession et Sainte Cène » (p. 95 à 102) de l’ouvrage de Dietrich Bonhoeffer, De la vie communautaire, Labor et fides, 2007

Pensée pour la journée: une des phrases les plus importantes de la Bible

« Mais Noé trouva grâce aux yeux du SEIGNEUR. »
Genèse 6:8

C’est une des phrases les plus importantes de la Bible. Au verset 7, Dieu décide de tuer tous les êtres vivants, car ils font le mal. Ils redoublent d’ingéniosité pour se maltraiter les uns les autres.

Si Genèse 6:8 n’était pas là, il n’y aurait pas de verset 9. Il n’y aurait pas de Bible. Ou alors, la Bible n’aurait pas de sens. On n’aurait aucune idée pourquoi Noé était encore en vie. Mais Dieu a trouvé bon de nous dire pourquoi il garde Noé en vie: « Mais, Noé trouva grâce aux yeux du Seigneur. »

Est-ce qu’un telle phrase est aussi la plus importante dans ta vie?

Faire du tort à ceux qu’on aime

Suis-je le seul? A peine quelques heures après avoir médité sur l’importance d’être rempli du Saint-Esprit, je me sens bien vide…

Je viens de traiter durement quelqu’un que j’aime. J’ai demandé pardon (évidemment), mais ce péché sert de rappel: Stéphane tu es un gars qui dépend de la grâce de Dieu.

Chaque jour est nouveau. Chaque heure et chaque minute aussi, heureusement!