Archives de l’auteur : Myriam J

À l’écoute de Gerhard Tersteegen : comment devenir comme un enfant

Quand un enfant de grâce entend ou lit qu’il lui est dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force » (Mc 12.30), il ne se casse pas longtemps la tête pour avoir une description exacte et un concept bien distinct de ce qu’est le coeur, l’âme, la pensée, la force ainsi que de leurs caractéristiques ; il comprend bien que Dieu le veut tout entier.

C’est pourquoi il n’a pas besoin de faire un grand détour ; mais il sépare seulement son amour de tous les autres éléments, il rassemble toutes les facultés de son âme comme un fagot et il remet le tout entièrement à Dieu.

À mon avis, il agit avec beaucoup plus d’intelligence qu’un autre qui aurait besoin d’une heure entière pour saisir ce que chacun de ces mots signifie dans sa particularité, avant d’arriver à l’acte de se remettre à Dieu et de l’aimer. Encore faut-il qu’il y arrive et qu’il ne s’éloigne pas trop de son coeur en s’arrêtant à l’explication de ce qu’est le coeur, au risque peut-être de ne plus pouvoir le trouver pour le remettre à Dieu.

Je ne dis pas ces choses dans l’intention de condamner toutes les explications de l’Ecriture ; mais pour empêcher que l’on ne donne trop à la tête et pas assez au coeur, et que l’on fasse de grands détours, alors que le temps de notre vie est tellement limité et précieux.

(Gerhard Tersteegen, Epître au sujet de la raison, sa capacité, son usage et son abus en ce qui concerne les réalités divines, chapitre 1, dans Traités spirituels, Labor et Fides, p. 101-102)

Premiers articles de la série :

À l’écoute de Gerhard Tersteegen : ne mesurez pas votre vie à ce que vous ratez ou réussissez

Une âme croyante a parfois le regard trop fixé sur elle-même, sur ses faiblesses, sur sa misère et sur son impuissance et, de cette manière, elle est affaiblie pour obéir fidèlement au Seigneur en ce qu’il exige d’elle et retenue de placer toute sa confiance en sa bonté. […] C’est pourquoi, si nous regardons notre misère […], nous deviendrons encore plus misérables. Si nous regardons nos vertus en faisant le même type de réflexion, cela nous fera tout aussi mal.

Ainsi, nous devons nous oublier petit à petit, pour ne regarder dans la foi que Dieu seul ; c’est ce qui produit toute vertu et donne le salut.

Une autre curiosité […], qui constitue un obstacle important, réside dans le fait que des âmes droites veulent toujours voir et examiner précisément si Dieu agit en elles et ce qu’il y effectue ; elles veulent savoir et sentir que tout va bien et que tout ira bien dans l’avenir où à quel point elles ont déjà progressé, etc ; pourtant, par ce moyen, c’est bien plutôt l’incrédulité et l’amour-propre qui sont fortifiés. Il serait bien préférable de s’abandonner dans la foi entièrement à Dieu seul et de chercher la grâce de lui obéir fidèlement et d’adhérer au moment présent.

Les voies de Dieu deviennent de plus en plus incompréhensibles à mesure qu’elles deviennent plus divines. Dieu peut bien s’adapter, dans une certaine mesure, à notre faiblesse, mais il nous faut pourtant finalement apprendre à nous abandonner et à nous perdre.

(Gerhard Tersteegen, Epître au sujet de la raison, sa capacité, son usage et son abus en ce qui concerne les réalités divines, chapitre 2, dans Traités spirituels, Labor et Fides, p. 123-124)

Premier article de la série :

La pratique est le meilleur commentaire de l’Ecriture

LIVRES : Collection « Partie Classics », les plus grands penseurs chrétiens

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Ça y est, il pleut des bibliographies, c’est la rentrée (ou bientôt)…  Moment idéal pour retenir une petite – par la taille et non par les idées ! – collection très sympathique : « Partie Classics ». J’ai eu la chance de recevoir les deux premiers ouvrages qui la composent : Blaise Pascal et Saint Augustin, et j’attends vivement la sortie du troisième, Saint Patrick, personnage qui m’est beaucoup beaucoup moins familier. 

Une collection, six auteurs, quatre objectifs

Présentation de l’éditeur, avec quelques mots de moi en plus !

  • Les plus grands génies de la théologie chrétienne accessibles à tous :
  1. Blaise Pascal, L’essentiel des Pensées (disponible)
  2. Saint Augustin, Traité de la foi, de l’espérance et de la charité (disponible)
  3. Saint Patrick, Confessions et autres écrits (octobre 2013)
  4. Gilbert K. Chesterton, Orthodoxie (mars 2014)
  5. Pères du désert, Paroles des Pères (juin 2014)
  6. Søren Kierkegaard, Pensées qui attaquent dans le dos (octobre 2014)
  • Des sélections pertinentes faites maison pour aller directement à l’essentiel.
  • Un format et une mise en page moderne, des introductions soignées pour une lecture agréable et pédagogique. Je confirme. Très beau travail pour l’accessibilité des textes, tant sur la forme (graphisme et typo) que sur le fond.
  • Les plus grands classiques aux prix les plus petits (à l’unité, 9,90€ et 56,50€ pour la collection). On peut sans doute se procurer quelques uns de ces classiques à un prix plus bas, mais si on prend en compte l’apport non négligeable des introductions, et l’aspect esthétique, c’est raisonnable.

Blaise Pascal, Saint Augustin, Chesterton, Kierkeggard… des noms qui évoquent pour certains beaucoup, pour d’autres simplement l’époque étudiante, un livre poussiéreux au fond du grenier, ou encore un déjeuner avec votre belle-famille… où vous n’avez pas tout compris ! Pourtant, ces auteurs (lire la suite sur le site de l’éditeur).

Zoom sur L’essentiel des Pensées (Pascal) et le Traité de la foi, de l’espérance & de la charité (Saint Augustin)

blaisepascalÇa peut vraiment être intéressant de lire d’aussi grands morceaux de ces deux-là à la suite (ce que je n’avais jamais fait auparavant). En effet, comme Lire la suite

À l’écoute de Gerhard Tersteegen : la pratique est le meilleur commentaire de l’Ecriture

Nouvelle série « À l’écoute de … » ! C’est Gerhard Tersteegen (1697-1769), figure majeure du piétisme, ermite, poète, puis prédicateur et accompagnateur spirituel, qui a quelque chose à nous dire. Dans les pays germaniques, beaucoup de ses poèmes sont des paroles de cantiques encore chantés de nos jours (dont le plus célèbre s’intitule « Gott ist gegenwärtig », « Dieu est présent »). 

Il convient de placer au premier plan l’humble prière. […] Dans cette attitude d’humble prière, l’âme a la ferme volonté d’obéir à Dieu. (Paul dit : « Seigneur, que veux-tu que je fasse? » (Ac 9.6) et pas seulement : « Que veux-tu que je connaisse? ») […]

(Le deuxième point) est tout à fait lié au premier : il s’agit de la pratique fidèle de ce que l’on comprend déjà et de ce dont on est déjà convaincu. La pratique et l’expérience de ce que dit l’Ecriture en sont le meilleur commentaire.

La pratique et l’expérience d’une vérité ne sont pas seulement les clefs pour une vue plus exacte de cette vérité-là, mais aussi pour la connaissance d’autres vérités. Le coeur humain est, pour ainsi dire, enveloppé de voiles innombrables. […] Si l’on ôte le premier voile, on voit alors le second ; et l’on ôte aussi celui-là, on voit le troisième et ainsi de suite.

A mesure qu’un ou plusieurs voiles sont enlevés, dans la même mesure, la lumière divine peut toucher le coeur et l’intelligence avec plus de clarté, de chaleur et de force. Et cela progresse de clarté en clarté (voir 2 Cor 3. 14-18). […] Celui qui a appris une leçon à l’école de Jésus-Christ en recevra une suivante.

C’est donc une déraison et une impossibilité pure que de vouloir d’abord tout savoir (de la tête aux pieds) avant de se mettre à l’oeuvre.

(Gerhard Tersteegen, Instruction pour une juste compréhension et un bon usage de l’Ecriture sainte, chapitre premier, « De la grande estime que nous devons avoir envers l’Ecriture sainte et de l’attitude à laquelle nous sommes tenus envers elle », dans Traités spirituels, Labor et Fides, p.45-52) 

C’est qui ?

Christine_de_pisanC’est qui, qui ? La dame dont j’ai choisi une représentation en avatar ! Si elle ne faisait pas virtuellement partie de l’équipe, je n’en aurais sans doute jamais parlé. Mais, je viens de lire quelque chose à son sujet et je me suis dit que ça pourrait être l’occasion de vous la présenter…

De ces femmes qui ont étudié l’Ecriture sainte, l’ont enseignée à d’autres femmes, ont aimé et servi leur famille, et ont donné leur vie par amour pour Dieu, Diana Lynn Severance a eu l’idée de retracer l’histoire (dans Feminine Threads: Women in the Tapestry of Christian History, 2011). De Marie, la mère de Jésus, à Edith Schaeffer, en passant par Blandine, la martyre de Lyon, Claire d’Assise, Julienne de Norwich, Idelette Calvin, Marie Dentière, Anne Bradstreet, Sarah Edwards ou encore Pandita Ramabai, autant d’exemples de ce que sont les fruits de la grâce de Dieu dans une vie et d’encouragements à se donner à Lui.

Bon, franchement, Christine de Pisan n’est pas la meilleure de toutes. Mais, en attendant une recension plus objective, voici les quelques mots de Severance sur celle dont j’ai volé l’image.

Christine de Pisan (env. 1363- env. 1431) est la première femme écrivain à avoir vécu de sa plume en Europe. Bien que née en Italie, Christine a grandi en France. Son père y était l’astrologue et le physicien du roi Charles V. Elle s’est mariée à seize ans et a donné naissance à trois enfants. Cependant, après le décès de son époux, elle est subvenue à ses besoins grâce à ses écrits. La Cité des damesson oeuvre la plus connue, prend le parti des femmes en réponse aux attaques satiriques de Jean de Meung dans le Roman de la Rose. Bien que les féministes aient souvent revendiqué Christine comme l’une des leurs, son travail épouse en fait les valeurs chrétiennes des thèses dites complémentaristes de nos jours. Christine a fait l’éloge des femmes chastes, humbles, croyantes, et obéissantes à l’autorité – que ce celle de leur mari, de l’Eglise, ou du gouvernement. Et, si elle n’a pas appelé les femmes à une vie publique héroïque, elle a écrit qu’elles pouvaient servir encore plus efficacement en contemplant et observant la Loi de Dieu. 

Pour aller plus loin :

Une caractéristique de ceux qui sont proches de Jésus

« J’aime Jésus ». Je me suis rendue compte que je disais cela plus souvent que « je suis aimée de Jésus » ou « Jésus m’aime ». Pourtant, c’est de loin la deuxième affirmation qui est la plus vraie, et heureusement! Je médite beaucoup sur la citation qui suit depuis que je l’ai lue et c’est un rappel qui me fait beaucoup de bien. D’où ce partage. 

J’identifie vraiment comme un trait caractéristique de ceux qui deviennent intimes avec Jésus le fait qu’ils ne pas se considèrent pas eux-mêmes comme ceux qui l’aiment tout particulièrement, mais comme ceux qui sont tout particulièrement aimés de lui.

(La croix est un scandale, Don Carson)