Archives du mot-clé Jean Calvin

CITATION Calvin et le secret d’une bonne lecture biblique

calvin-theatre-dieuQui ne rêve pas d’une lecture biblique où on en ressort ayant rencontré Dieu? Vu et ressenti sa gloire? Calvin met en place une sorte d’équation:

«…les livres de l’Écriture dépassent de beaucoup en qualité tous les autres écrits. Si nous les lisons avec des yeux dépourvus d’a priori et avec toutes nos facultés, la majesté de Dieu apparaîtra immédiatement et domptera tout esprit de contradiction, nous contraignant à l’obéissance. […]

Qu’il soit bien clair que, seul, celui qui est enseigné par le Saint-Esprit peut s’appuyer fermement sur l’Écriture. Bien que celle-ci porte en elle la preuve de sa vérité et qu’elle puisse être reçue sans opposition et sans avoir à être testée, c’est par le témoignage de l’Esprit que la vérité certaine qui est la sienne est reconnue. Elle a en elle la majesté qui justifie qu’elle soit révérée; pourtant, ce n’est que lorsqu’elle est scellée en notre cœur par le Saint-Esprit, qu’elle commence vraiment à nous toucher.» — Jean Calvin, Institution chrétienne I. VII. 4-5. (p40-41)

Pour aller plus loin, lisez notre article Pourquoi et comment lire l’Institution chrétienne de Calvin.

CITATION Calvin et le théâtre de Dieu

calvin-theatre-dieu«Bien que les hommes doivent lever les yeux pour contempler les œuvres de Dieu, dont ils sont faits spectateurs, et que le monde est comme un théâtre devant eux, le principal pour mieux en profiter est d’ouvrir les oreilles pour être attentif à la Parole. Il ne faut donc pas s’étonner si, étant nés dans les ténèbres, les hommes s’endurcissent de plus en plus, car ceux qui écoutent la Parole de Dieu et se placent entre les limites qu’elles proposent sont peu nombreux; beaucoup préfèrent s’égailler librement selon leurs désirs.» — Jean Calvin, Institution chrétienne I. VI. 2. (p33)

Pour aller plus loin, voir Pourquoi et comment lire l’Institution chrétienne.

CITATION La source de toute chose, dont le bonheur

Ces quelques lignes de Jean Calvin tabassent. En début de son livre, Calvin résume sa thèse. Il explique ce qu’il va chercher à démontrer dans la suite de son ouvrage. Sa façon de s’exprimer et sa thèse est tellement classique, que j’espère ça vous donnera envie de lire par vous mêmes l’Institution de la religion chrétienne:

Institution-calvinDieu est connu de deux manières: en premier lieu, simplement comme créateur à cause de ce beau chef-d’œuvre qu’est le monde et de l’enseignement général que donne l’Écriture à ce sujet.; par la suite, seulement, il apparaît comme rédempteur dans la personne de Jésus-Christ. Pour l’heure, nous traiterons la première manière, la seconde viendra en son temps.

Notre esprit, il est vrai, a de la peine à comprendre Dieu en dehors des services qu’il en reçoit; pourtant, il ne suffit pas de savoir de façon confuse qu’il existe un Dieu digne d’être adoré lui seul, si nous ne sommes pas également convaincus que ce Dieu que nous adorons est la fontaine de tous les biens et qu’il n’y a rien à rechercher en dehors de lui. Voici ma thèse: premièrement, Dieu après avoir créé ce monde, le soutient puissamment, le gouverne avec sagesse, le garde et le préserve dans sa bonté, se préoccupe surtout de guider le genre humain en toute justice et intégrité, le supporte dans sa miséricorde et l’a en sa protection. Deuxièmement, il nous faut croire qu’il n’y a pas en dehors de lui une seule goutte de sagesse, de lumière ou de justice, de puissance, de droiture ou de vérité. En effet, comme tout provient de Dieu, nous devons apprendre à tout attendre de lui et à tout lui attribuer, et, étant convaincus qu’il en est bien ainsi, nous devons recevoir toutes choses avec actions de grâces. Cette reconnaissance des qualités incomparables de Dieu est le seul maître capable de nous enseigner la piété dont procède la religion.

J’appelle «piété» ce sentiment fait d’une union de respect et d’amour qui nous attire vers Dieu dont nous connaissons les bienfaits. Car il est certain que, tant que les êtres humains ne sont pas persuadés qu’ils sont redevables de tout à Dieu, qu’ils sont l’objet de ses soins paternels, bref qu’il est l’auteur de tout bien et que rien ne doit être cherché hors de lui, ils ne lui manifesteront aucune vraie dévotion. Bien plus, s’ils ne trouvent pas en lui leur bonheur, ils ne se consacreront pas à lui de façon vraie et sincère.

— Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, I, 2,1 (7)

Le secret le mieux gardé de la vie chrétienne: l’union à Christ

union-avec-christC’est dangereux de généraliser à partir de son expérience personnelle. Mais je vais prendre un risque et je pari que dans votre église, vous n’avez jamais entendu parler de la doctrine de l’Union à Christ. C’est bien dommage, car il se trouve que c’est une doctrine précieuse et essentielle. La parution cette semaine d’un article sur le sujet (voir plus bas), m’a donné envie de survoler le sujet, recommander l’article et proposer des ressources pour aller plus loin

Jean Calvin disait que l’union à Christ était une doctrine de première importance:

Je considère donc d’une importance capitale l’union que nous avons avec notre chef, sa présence dans nos cœurs par la foi, l’union sacrée dont nous jouissons avec lui, afin qu’étant nôtre, il nous accorde les biens qu’il possède en abondance de façon parfaite. — IC, III, XI, 10 (668) ¹

C’était aussi la doctrine qui a tout changé dans la vie et ministère du grand missionnaire Hudson Taylor. C’est ce que j’ai découvert en lisant l’année dernière, son excellente biographie Hudson Taylor: un homme en Christ (sous-titre de la version anglaise).

C’est quoi la doctrine de «l’union avec Christ»?

Honnêtement, l’explication la plus simple que je connaisse, c’est celle de Jean Calvin, qui dit que par notre union à Jésus, « tout ce qu’il a devient nôtre » (p507). Pour une explication plus complète et un peu plus technique, Michel Bouttier, propose cette explication. Accrochez-vous (et si vous décrochez, voyez la suite où on offre une version plus digeste):

S’il fallait ramasser maintenant en une phrase le sens de in Christo, nous dirions : in Christo évoque l’acte de Dieu par lequel, après avoir été identifiés à Jésus-Christ sur la croix et associés par la grâce à sa résurrection nous sommes inclus en son corps par le Saint-Esprit, afin de participer désormais à sa vie et à son ministère et de communiquer pleinement à tout ce qui est sien, tant dans le ciel que sur la terre, tant dans le présent que dans le Royaume.²

La semaine dernière est paru un article sur le sujet sur le blog d’Evangile 21. L’article est signé Daniel Saglietto, un étudiant en Master à la Faculté Jean Calvin. Je conseille tout l’article, mais voici comment il explique l’union à Christ avec deux mots:

Vous me demanderez alors : « Quel est le rapport avec nous ? » Pourtant c’est là que le plan de la rédemption accompli en Jésus-Christ trouve son fondement. Car quel est le rapport entre « notre » justification et la justification du « Christ », entre notre « vie nouvelle » et la vie de résurrection qui caractérise le Christ qui règne maintenant à la droite de Dieu le Père ? La réponse se trouve dans cette formule souvent utilisée par Paul : « En Christ ». Ces deux petits mots constituent la plus courte et la plus puissante description de notre salut. C’est « EN Christ » que nous avons été choisis (Ep 1 :4), que nous avons été rachetés (Ep 1 :7), vivifiés (Ep 2 :4), que nous vivons une nouvelle vie (Rom 6 :11, Gal 2 :20).

Paul décrit la totalité de notre vie chrétienne comme étant « en Christ ». Cette expression n’est donc pas anodine et ne doit pas être simplement comprise comme un raccourci linguistique pour signifier uniquement « être chrétien ». Elle souligne avec force que toutes les bénédictions dont nous bénéficions aujourd’hui : de la nouvelle naissance à notre future résurrection, en passant par la foi et la joie en Christ,  toutes ces choses tirent leur source dans la personne même du Christ. Elles en sont l’expression au sein de notre vie. Ma nouvelle naissance est une expérience dont Dieu est l’auteur. La mort et la résurrection du Christ sont les réalités historiques qui définissent ma nouvelle identité. C’est parce que je suis « mort » en Christ et « ressuscité » avec lui que je suis effectivement « mort au péché » et que je peux « marcher » aujourd’hui dans la foi et la persévérance (Rom 6 :3-11). Comme le souligne si justement Richard Gaffin : « Sa résurrection [de Jésus-Christ] est sa justification en tant que dernier Adam, la justification des « prémices ». Ceci n’est rien de moins que le lien entre sa résurrection et notre justification. ».

[…Lire la suite]

Pour aller plus loin

¹ Calvin en parle à plusieurs autres endroit de son Institution: III, II, 24.; III, XI, 10. (p668-669); III, XV, 5. (724-725); IV, XVII, 8.-12. (1288-1293); Voir aussi l’index p. 1481-1482.

² Michel Bouttier, En Christ, étude d’exégèse et de théologie pauliniennes, Paris, Presses Universitaires de France, 1962. MA: Florent Varak pour la source.

Pourquoi et comment lire «l’Institution» de Jean Calvin

jean-calvin-institutionSi vous n’avez pas encore lu l’Institution de la religion chrétienne de Jean Calvin, il n’est pas trop tard pour commencer aujourd’hui. Dans cet article, on propose 4 raisons de lire le chef-d’œuvre de Calvin et on termine avec quelques pistes pour bien commencer à lire le réformateur.

Comme chaque année, la Bible est ma lecture prioritaire cette année. J’essaie de lire toute la Bible au moins une fois par an (cf les plans que l’on conseille). Mais cette année, l’Institution sera ma deuxième grosse lecture. Je vois au moins 4 raisons de lire l’Institution:

4 raisons de lire l’Institution

  1. L’Institution chrétienne est une merveille du monde. Packer dit que l’œuvre de Calvin est une merveille du monde littéraire, spirituelle et théologique.¹
  2. L’Institution de la religion chrétienne est le premier ouvrage théologique paru en langue française. Alors que tous les théologiens écrivaient à l’époque en latin, Calvin a été le premier théologien à vouloir que son livre paraisse aussi en français, pour pouvoir être lu par le grand public.²
  3. Lire l’Institution pourrait être bien plus facile que vous pensez, et cela pour deux raisons: Premièrement, une version en français moderne existe depuis 2009. C’était le cadeau de Paul Wells et Marie de Védrines à l’occasion du 5e centenaire de la naissance de Jean Calvin. Secondement, Packer dit à propos du chef-d’œuvre de Calvin: «La facilité avec laquelle on lit l’Institution est, au vu de sa taille, remarquable.»¹
  4. Calvin a écrit pour nous. Calvin a écrit l’Institution pour que les Français et tous ceux qui veulent étudier la Bible puissent voir Jésus. Il dit: «Je voulais, principalement, que mon travail soit utile aux Français, dont je voyais plusieurs avoir faim et soif de Jésus-Christ et bien peu le connaître comme il fallait.»³

Comment et où commencer?

Institution-calvinJe vais suivre ce plan de lecture pour lire l’Institution en un an (5 jours par semaine). L’Institution étant divisée en quatre livres de plusieurs chapitres avec chaque fois des sections de chapitre, le plan est facile à suivre, peu importe l’édition que vous utilisez.

L’édition en français moderne fait 1431 pages. Ça peut être carrément intimidant. Mais en raison de 15 minutes par jour, vous devriez terminer sans problème le livre en un an. Et si vous souhaitez commencer plus doucement, il existe deux versions abrégées de l’Institution en « français moderne » (une à 18€ les 238 pages, et l’autre à 26€ les 464 pages, aussi vendue à la MB).

¹ J.I. Packer cité dans un article de Justin Taylor.

² Institution de la religion chrétienne, édition 2009. Page xvii

³ Idem, Page xxvii

Pour aller plus loin sur le sujet:

Sept raisons de lire des livres non-chrétiens (part. 1/3)

Proustplage

Quels livres mettre dans vos valises cet été? Tony Reinke (dans Lit ! : a Christian guide to reading books) nous donne des conseils. Dans cet article, on verra de façon générale pourquoi la littérature non-chrétienne mérite notre intérêt. Dans les prochains, on en verra des bienfaits concrets.   

Quels types de livres les chrétiens devraient-ils lire? La Bible est le livre le plus important, et la priorité numéro 1 de notre liste de lecture. Quant aux livres chrétiens, ils peuvent nous prodiguer des leçons précieuses sur Dieu, le monde, notre péché, et notre Sauveur. Cependant, ici j’aimerais me concentrer sur l’utilité des livres non-chrétiens. J’entends par ce terme tout livre dont l’auteur n’est pas un chrétien converti ou dont la motivation n’est pas explicitement chrétienne. Que devons-nous faire de tous ces livres? Les brûler? Y tenir énormément? Les lire en secret sous nos draps le soir avec une lampe de poche?

J’ai la conviction que la la littérature non-chrétienne – au moins ce qu’il y a de meilleur dans le lot – est un don de Dieu destiné à la lecture des chrétiens. Ces livres sont, pour reprendre les mots de Spurgeon, des feuilles d’or comparées aux lingots d’or de l’Ecriture, mais ils sont de l’or tout de même, et ils ont donc de la valeur.

Si les intellectuels ne se mettent pas tous d’accord sur divers points de la théologie de Jean Calvin (1509-1564), ils peuvent difficilement mettre en doute l’importance des trois piliers suivants:

  • Aucun livre n’a de valeur supérieure à la Bible.
  • Tout homme est pécheur, et ce péché est à l’origine de l’aveuglement spirituel.
  • Sans l’Evangile et le pouvoir éclairant du Saint-Esprit, c’est en vain que le pécheur s’efforce de rechercher Dieu et la vérité ultime.

Ayant dégagé ces essentiels, Calvin est un bon guide pour nous aider à  déterminer la place des livres non-chrétiens dans la vie chrétienne.

Dans un passage de son Institution de la religion chrétienneil apprécie la valeur des livres écrits par des auteurs profanes. Calvin écrit :

La lecture d’auteurs profanes, par le biais de l’admirable lumière de la vérité manifestée dans leurs écrits, devrait nous rappeler que l’esprit humain, bien que déchu et dénaturé de son intégrité originelle, peut être paré et investi de dons admirables de la part du Créateur. Si nous nous disons que l’Esprit de Dieu est la seule fontaine de vérité, nous serons alors attentifs – étant donné que nous ne voudrions pas l’insulter – à ne pas rejeter ou condamner la vérité à quel qu’endroit qu’elle apparaisse. En méprisant les dons, on insulte le Donneur.

Calvin dit donc que si nous méprisons la part de vérité présente dans les livres non-chrétiens, ultimement, nous « insultons le Donneur », c’est-à-dire Dieu. Au premier abord, ces mots m’ont sérieusement ébranlé, mais j’en suis venu à adopter le point de vue de Calvin. Dieu est derrière toute vérité, même la vérité exprimée dans la littérature non-chrétienne.

Toute vérité vient de Dieu ; et, par conséquent, si des hommes mauvais ont dit quelque chose qui soit vrai et juste, nous ne devrions pas le rejeter ; en effet, cela a son origine en Dieu. D’ailleurs, toutes choses sont pour Dieu ; et, pour cette raison, pourquoi ne serait-il pas légitime de consacrer à sa gloire tout ce qui est digne d’être employé à un tel dessein?

Une vision du monde biblique cohésive nous permet de reconnaître et d’apprécier la vérité que nous lisons dans les livres non-chrétiens.¹

Pour Calvin, lire de la littérature non-chrétienne c’est comme passer au tamis les ruisseaux des Rocheuses dans l’espoir de trouver d’étincelantes pépites d’or. C’est surtout sur de la vase qu’on tombe en prospectant les lits des rivières. Toutefois, ceux qui font preuve d’une patience tranquille et qui ont l’oeil perçant découvriront un jour une pépite d’or. En rejetant la vérité dispensée dans les livres non-chrétiens, les lecteurs rejettent des cadeaux de Dieu.²

¹ On peut se reporter au chapitre 4 du livre, « Reading from across the Canyon, How a biblical worldview equips us to benefit from books », pour un développement sur ce sujet.

² Adaptation en français d’extraits de Tony Reinke, Lit ! : a Christian guide to reading books, chapitre 5, « The Givers’s Voice, Seven Benefits of Reading non-christian books ».

Pour aller plus loin :